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Photo Sydney Serra-Reich
Photo Sydney Serra-Reich
Il s’agit bien de l’explosion de la Bretagne. Au premier plan, on voit le porte-aéronef Commandant Teste qui est sorti  indemne.  (Jean-Louis STRAT)
Le C T Volta à réussi à sortir indemne de la canonnade et a escorté le Dunkerque jusqu’à Toulon où il s’est sabordé. (Jean-Louis STRAT)
Photos de Sydney Serra-Reich
 
Le Volta
Le Terrible
Le Lynx
Le Bretagne
Le Mogador
Le Mogador
Le Strasbourg
La Provence
La Provence
Le Commandant Teste
Le Commandant Teste
Le Commandant Teste
Le Dunkerque
Une tourelle de 330 du Dunkerque.
Le Dunkerque
Les bâteaux
 
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Pour éviter d'autres profanations, soi-disant, et satisfaire l'Etat algérien, la France a financé le remplacement des croix par des cubes de béton. Par ce geste, la France a perdu son honneur et ne reconnait même plus le sacrifice de ses morts lâchement assassinés pour la Patrie.
La profanation du cimetière dans les années 2000. Les croix ont été volontairement abattues car en Algérie, le christianisme est considéré comme ennemi N° 1 de l'Islam. Ils sont comme les vampires, la simple vue d'une croix, les répugnent. la liberté du culte en Algérie est interdite alors qu'en France, les mosquées se multiplient.
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Le cimetière des marins, décédés le 3 juillet 1940 ( près de 1300 morts assassinés par la flotte anglaise), à l'époque française.
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La honte de la France
LES LEÇONS DE MERS-EL-KEBIR
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Et oui Sur les 36 canons de fort calibre répartis sur nos quatre cuirassés, huit seulement sont en position de tir : quatre 340 « arriéré» sur la Bretagne et autant sur la Provence. Quant aux seize pièces de 330 de nos Dunkerque et Strasbourg, elles furent les témoins impuissants d'un combat auquel des dispositions de mouillage qui les maintenaient braqués sur la terre leur Interdisaient de participer. Regrettons-le amèrement, car, n'eut été cette malchance, les marins de Mers-el- Kébir auraient montré ce dont ils étaient capables, comme l'ont fait deux mois plus tard leurs camarades de Dakar.
Ceci étant posé, examinons un point technique fort controversé, aussi bien en France qu'à l'étranger. Et auquel se trouvaient Intimement liées nos possibilités de riposte lors de l'engagement de Mers-el- Kébir : la disposition de l'artillerie principale à bord des navires de ligne.
 
La querelle des anciens et des modernes
Quand, en 1927, entrèrent en service les cuirassés anglais Nelson et Rodney, le mot « révolution » tomba bien souvent de la plume des chroniqueurs navals. C'est que, pour la première fois, on voyait apparaître de puissants navires de combat dépourvus de canons de retraite.
L'innovation eut ses partisans et ses adversaires. Les premiers prétendaient que les cuirassés modernes seraient toujours à même, grâce à leur vitesse et à leurs facultés évolutives, de prendre l'ennemi dans une direction telle que toute l'artillerie, bien que concentrée à l'avant, puisse entrer en action. Ils ajoutaient qu'avec la disposition classique de l'artillerie répartie entre l'avant et l'arrière, on ne pouvait faire tirer toutes les pièces que sur un ennemi placé dans le voisinage du travers, tandis que la conception nouvelle permettait de déclencher le tir avec toute la bordée sur tout ennemi aperçu sur l'avant ou sur les flancs.
Les défenseurs de la formule classique rétorquaient qu'un bâtiment de ligne ne doit pas être privé de la possibilité de tirer par l'arrière, notamment dans le cas où surpris par des forces supérieures, Il est contraint de se replier sur ses soutiens ou de rallier sa base. Et de citer l'exemple de la bataille du Dogger-Bank où la division allemande de l'amiral Hipper se trouva tout à coup en présence de l'escadre, plus nombreuse, de l'amiral Beatty : elle livra un combat en retraite et réussit l'exploit de disloquer la formation anglaise qui la poursuivait, en mettant hors de combat le navire-amiral Lion. Hipper put conduire son escadre à sa base, alors qu'elle eut difficilement échappé à son adversaire si elle n'avait pas eu de gros canons tirant dans l'axe vers l'arrière.
Quel fut en définitive le résultat de cette controverse et quelle a été l'attitude des grandes nations maritimes devant ces deux thèses si défendables en soi ?
L'Allemagne est restée fidèle à l'ancien système ; ses Deutschland de 13.000 tonnes sont dotés  de deux tourelles triples de 280 millimètres, l'une à l'avant et l'autre à l'arrière : ses Scharnhorst, de  26.000 tonnes, ont deux tourelles triples de 280 à l'avant et une à l'arrière ; enfin, ses Bismarck (35.000t.) comportent deux tourelles doubles de 380 à l'avant et deux autres à l'arrière.
L'Italie, qui a mis neuf pièces de 381 sur ses 35.000 t., a adopté la disposition suivante : deux tourelles triples à l'avant et une à l'arrière. Même disposition sur les unités de tonnage Identique en achèvement aux Etats-Unis  et pour lesquelles le calibre de 400 millimètres a été choisi.
Quant à l'Angleterre, abandonnant les plans du Nelson, elle est aussi revenue aux canons de retraite et les dix 356 dont sont munis ses navires modernes de 35.000 tonnes sont distribuée à raison d'une tourelle quadruple à l'arrière, une tourelle quadruple et une tourelle double à l'avant.
 
Et la France ?
De toutes les puissances qui, en ces dix dernières années, ont mis en chantier de grands cuirassés, seule la France a opté délibérément pour la concentration de la grosse artillerie à l'avant, réservant la plage arrière aux pièces secondaires et aux Installations aéronautiques. Doit-on le regretter ? Oui. Et la bataille de Mers- el-Kébir le prouve abondamment. Incapables de se servir  de leurs puissants 330 contre un adversaire venant du large, les canonniers du Dunkerque et du Strasbourg durent, la rage au cœur, pointer leurs canons de 130 qui furent d'ailleurs d'une efficacité nulle, les navires anglais s'étant toujours tenue hors de la portée de ces pièces. Or. Nous étions, à Mers-el-Kébir, largement pourvus de moyens de défense, en nombre comme en qualité, et l'escadre anglaise aurait pu l'apprendre à ses dépens. Mais ces moyens ont été Inopérants, parce que, un beau Jour, faisant prévaloir une solution plus  technique que militaire, on décida rue Royale de bâtir la disposition de notre artillerie sur une tactique qui cette fois au moins, s'est montrée malheureuse.
On dira peut-être que les événements du 3 juillet se sont déroulés dans des circonstances de lieu exceptionnelles et qu'en haute mer nos bâtiments auraient donné toute leur mesure. D'accord, mais on se souvient que le Strasbourg réussit à larguer ses amarres et à sortir de la rade pour faire route au Nord-Est : Il lui fut possible alors de faire feu de toutes ces pièces sur la ligne adverse, ce qu'il fit d'ailleurs. Mais supposez que l'amiral anglais ait ordonné à ses navires de prendre en chasse le cuirassé français. Celui-ci, dominé par le nombre, aurait sans nul doute cherché à rompre le contact et y serait parvenu grâce à sa vitesse. Néanmoins, ce moment-là, il eut été souhaitable qu'il possédât des canons de gros calibre tirant par l'arrière pour protéger sa retraite.
 
J.T.
L'Ouest-Éclair (Éd. de Caen). 21/11/1940.
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
  HUIT CANONS
Contre vingt- quatre…
… ou les enseignements de Mers-el-Kébir
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Lorsque dans l'après-midi du 3 juillet. La division navale anglaise Hood, Valiant, Résolution se présenta au large de Mers-el- Kébir pour perpétrer l'attentat que l'on sait, elle pouvait mettre en jeu un volume de feu résultant de l'action de 24 pièces de 381 millimètres, lançant par minute deux projectiles de 900 kilos. De quelle puissance d'artillerie disposions-nous pour répondre au tir de ces gros canons dont la portée atteint plus de 30.000 mètres ? En d'autres termes avions-nous quelque chance de tenir l'adversaire en respect en lui portant assez de coups pour le contraindre, sinon à battre en retraite, du moins à ralentir son offensive et à diminuer ses moyens d'attaque ? Avant de répondre a cette question, il importe de situer les positions qu'occupaient au moment du combat les bâtiments de ligne français présents dans le port. Un dessin nous y aidera et donnera  à nos lecteurs un plan sensiblement exact de lieux où se déroulèrent les tragiques événements de Juillet.
Or donc, voici, en rade-abri  de Mers-el-Kébir, rangés en ligne de front, l'avant tourné vers la terre et l'arrière à la digue, les cuirassés Dunkerque, Provence, Strasbourg et Bretagne. Ils sont embossés, c'est-à-dire amarrés de l'arrière et de l’avant et par suite cloués à leurs postes. Cet handicap a son importance, puisque, tout à l'heure, quand se précisera la menace qui s’avance au large sous 1a forme de trois points noirs sans cesse grossissants, il mettra un frein aux manœuvres que l'on voudrait précipiter pour affronter la lutte dans une meilleure posture. Mais il est pour un autre inconvénient plus considérable encore et sur lequel l'assaillant compte bien pour conduire impunément son attaque : Il réside, nos navires occupant, les positions que nous venons de définir, dans l'impossibilité où nous sommes d'utiliser les trois quarts de notre grosse artillerie.
  De gauche à droite et de haut en bas : 1. Les bâtiments de ligne « Dunkerque » et « Strasbourg » et les cuirassés « Provence » et « Bretagne », mouillés en rade de Mers-el-Kébir le long de la jetée, l’avant dirigé vers la terre. – 2. Des obus anglais ont percé les superstructures du « Dunkerque ». – 3. Vues générales prises pendant l’agression britannique. On distingue, les gerbes d’eau, hautes de plus de cent mètres, produites par des obus de 380 m/m. – 4. La « Bretagne », dont l’arrière commence à s’enfoncer, est encadrée par les obus anglais. Au premier plan l’arrière du « Strasbourg », dont le mât du pavillon lui-même, viennent d’être emportés par un obus. Le pavillon devait être repêché quelques instants après et il est, depuis, précieusement conservé à bord. – 5. Le « Dunkerque », échoué, donne de la bande à tribord. – 6. L’amiral Gensoul présente ses condoléances aux familles des malheureuses victimes de l’attentat anglais. – 7. Le cuirassé « Bretagne » chavire. – 8. Le « Strasbourg » appareille au milieu du bombardement. Au premier plan la « Provence ». Au dernier plan la « Bretagne », qui vient d’être atteinte à l’arrière par un obus de 380 m/m.
 
L'Ouest-Éclair (Éd. de Nantes). 26/09/1940.
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
  C’est dans la journée du 3 juillet dernier, on se le rappelle, qu’une puissante escadre anglaise, - comprenant notamment un cuirassé de 40.000 tonnes, le « Hood », et un porte-avions chargé d’une centaine d’appareils, - attaquait par surprise les vaisseaux de guerre français alignés contre la jetée de Mers-el-Kébir et en voie de désarmement.
Nos navires, dont les chaudières étaient éteintes, les tourelles immobilisées et les pièces pour la plupart hors d’état de faire feu, furent rapidement écrasés sous une avalanche d’énormes projectiles lancés par les Anglais à l’abri d’un écran de fumée. Des avions réglaient le tir, qui s’effectua comme à la manœuvre.
Sur une seule de nos unités, la « Bretagne », - qui sauta et sombra, - on allait déplorer 1.300 victimes.
Des avions de bombardement anglais revinrent à l’attaque le surlendemain et tuèrent encore 200 marins français sur le « Dunkerque », pourtant échoué et hors de combat.
Les poignants documents qu’on voit ici proviennent, sans retouche aucune, des services photographiques de la marine française. Le nouvel attentat de Dakar leur donne un saisissant caractère d’actualité.
Ces navires étaient amarrés dans le port et n’étaient pas en mesure de prendre la mer sans un certain délai.
L'amiral commandant l'escadre britannique a fait remettre à l'amiral Gensoul l'ultimatum suivant :
Ou bien rallier la flotte anglaise ou bien détruire les bâtiments dans les six heures, pour qu'ils ne tombent pas entre les mains de l'Allemagne et de l'Italie; en cas de refus, les Anglais nous contraindraient par la force à cette destruction.
Le vice-amiral Gensoul a répondu qu'il ne pouvait être question pour les navires français de rallier l'escadre anglaise et qu'il n'était pas question pour lui de détruire ses bâtiments ;  qu'il répondrait à la force par la force.
L'amiral Gensoul ajoutait que d'ail- leurs le premier coup de canon aurait pour résultat pratique de dresser toute la marine française contre la Grande-Bretagne, résultat inverse de celui qui était recherché.
L'amirauté française, prévenue, a ordonné de répondre à la force par la force. Le gouvernement a approuvé la décision de l'amirauté et a fait prévenir les commissions d'armistice.
Nous rappelons que l'Allemagne et l'Italie n'ont pas demandé que la flotte française leur fût livrée. Elles ont simplement demandé sa démobilisation et son rassemblement dans des ports français, avec des équipages d'entretien français, sous commandement français, avec simplement contrôle des commissions d'armistice.
La France n'aurait d'ailleurs pas consenti à livrer une flotte qui n'a pas été vaincue. Le maréchal Pétain, l'amiral Darlan et M. Paul Baudoin, l'ont vingt fois répété à MM. Churchill, Alexander, à lord Lloyd, à l'amiral de la flotte Sir Dudley Pound, à l'ambassadeur d'Angleterre, Sir Bonald Campbell.
L’amirauté française a eu la sensation pénible que les malheurs de la France laissaient insensibles les dirigeants qu’à devenir maîtres de la flotte française.
La flotte devait rester française ou périr. Elle ne méritait pas, en tout cas, d'être frappée dans le  dos sur l'ordre de M. Churchill qui, l'hiver dernier, suppliait l'amirauté française d'affecter nos forces principales à la protection des convois canadiens, l'amirauté britannique n'ayant plus les moyens nécessaires.
L'amiral de la flotte Darlan n'a pas égaré les lettres de remerciements de M. Churchill. Avant même l'expiration de l'ultimatum adressé à l'amiral Gensoul, l'amiral anglais faisait mouiller, par ses avions, des mines magnétiques dans le chenal d'accès à Mers-el- Kébir, faisant ainsi un acte caractérisé, d'hostilité.
A l'expiration de l'ultimatum, les navires anglais ont ouvert le feu sur les navires français, qui n'avaient pas eu le temps matériel de se dégager de leur amarrage dans le port de Mers-el- Kébir.
Les navires français, secondés par les batteries de côte, ont riposté au tir des Britanniques.
Des renseignements parvenus à l'amirauté, il résulte que le cuirassé ancien «Bretagne» a sauté, que le «Dunkerque», le «Provence» et le «Mogador» avaient des incendies à bord.
Les autres bâtiments ont pu appareiller et faire leur jonction avec les bâtiments de guerre français envoyés à leur rencontre par l'amirauté française.
Les marins français qui, depuis dix mois, se sont dépensés sans compter pour aider la marine britannique, dépassée par sa tâche écrasante, ont ressenti avec indignation la trahison de leurs anciens frères d'armes.
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M. Churchill s'explique aux Communes
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Le premier ministre britannique, prenant, jeudi après-midi, la parole aux Communes, s'est efforcé, dans un long discours, d'expliquer, l'agression commise, sur son ordre, par la flotte anglaise contre la marine française. De ce discours, l'agence Fournier seule donne le résumé succinct que voici :
Londres, 4 juillet. – Au cours du discours qu'il a prononcé, cet après-midi, devant la Chambre des communes ;  M. Winston Churchill a tenté de justifier l'action de la flotte britannique contre la flotte française à Mers-el-Kébir.
Le Premier britannique a développé les arguments exposés dans le communiqué du ministère de l'information britannique, insistant sur le fait que l'Angleterre se trouvait dans l'obligation de prendre des garanties dans la crainte d'une saisie éventuelle de la flotte française par les puissances de l'axe.
M. Churchill a fait ensuite un long récit des circonstances de rengagement naval.
Après l'exposé de M. Churchill sur l'action britannique en .Méditerranée, les Communes ont poursuivi  leur délibération en séance secrète.
Une nouvelle séance secrète aura lieu, mardi prochain, afin de permettre à M. Hugh Durton de faire un exposé sur la guerre économique.
 
Le Temps (Paris. 1861). 1861-1942. – 6 juillet 1940
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
L'amiral français ayant refusé d'obtempérer à la sommation de l'amiral britannique, la flotte anglaise ouvrit le feu à 17 h. 40 sur les bâtiments français.
Le Gouvernement français a aussitôt donné l'ordre aux unités qui se trouvaient en rade d'Alexandrie, aux côtés de la flotte britannique, d'appareiller et de prendre le large, au besoin par la force.
De plus, devant cette agression, d'autant plus odieuse qu'elle était commise contre l'alliée de la veille, l'amirauté française a immédiatement enjoint à toutes ses unités de guerre se trouvant en haute mer, d'arraisonner les navires marchands battant pavillon britannique et de répondre par le feu à toute nouvelle agression des bâtiments de guerre anglais.
 
Déclaration de M. Jean Prouvost à la presse américaine
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M. Jean Prouvost a reçu dans la soirée de mercredi les représentants à Vichy de la presse américaine. Après avoir fait le récit de l'acte d'agression auquel «M. Churchill vient de se livrer», le haut-commissaire à la propagande a ajouté :
L'Amérique n'ignore rien des conditions dans lesquelles la France a été contrainte de demander un armistice : vingt jours de combats héroïques, une semaine de négociations dramatiques, dont l'Angleterre a suivi heure par heure le déroulement pendant lequel l'armée française, réduite à ses seuls effectifs, continuait à se battre sans espoir, pour l'honneur de ses drapeaux.
L'Amérique connaît les souffrances immenses de notre peuple : dix mil- lions d'hommes chassés de leurs foyers, errant sur les routes de France ; plus d'un million et demi de soldats tués, blessés ou prisonniers ; le pays hier riche et prospère, aujourd'hui ruiné, et à la veille de connaître peut-être la famine.
L'Angleterre avait-elle des raisons valables de se livrer à cet acte d'agression ? Pouvait-elle craindre que les navires français ne fussent un jour utilisés contre elle ? Non !
La flotte française était à l'ancre dans les eaux algériennes, en rade de Mers-el-Kébir. M. Churchill n'avait rien à redouter de ces bateaux mouillés à des centaines de kilomètres de troupes allemandes ou italiennes, de ces bateaux aujourd'hui immobiles, demain impuissants.
Le gouvernement français avait interprété et appliqué les conditions de l'armistice naval, de façon à donner le maximum de sécurité au gouvernement britannique.
Hier, M. Churchill a accepté que Londres devienne à la fois un refuge pour les politiciens français qui n'ont pas voulu prendre leur part des souffrances de la patrie, et un foyer d'intrigues factieuses contre le gouvernement du maréchal Pétain, que la France vénère, et à qui les deux nations sont redevables de la plus héroïque, de la plus décisive des victoires de la dernière guerre : Verdun.
La France, hier vaincue, meurtrie par l'Allemagne, aujourd'hui attaquée sans avertissement et sans raison légitime, par la Grande Bretagne, a encore assez de confiance en, sa force et de foi dans son destin pour affirmer à la face du monde qu'elle ne s'inclinera pas.
 
Le Temps (Paris. 1861). 1861-1942. 5 juillet 1940
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
  L'AGRESSION DE LA FLOTTE BRITANNIQUE
Contre la flotte française de Mers-el-Kébir
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Le «Bretagne» a sauté, le «Dunkerque», le «Provence» et le «Mogador»
ont des incendies à bord
Les autres navires ont pu rejoindre l'escadre de la Méditerranée
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L'amirauté française a communiqué, dans l'après-midi de jeudi, les renseignements complémentaires que voici sur l'agression odieuse et inconcevable dirigée par une escadre britannique contre les navires français ancrés, tous feux éteints, dans la rade de Mers-el-Kébir :
Le 3 juillet, une escadre britannique venant d'Angleterre, composée de trois navires de ligne, dont le «Hood», d'un porte-avions, d'un certain nombre de croiseurs et de contre-torpilleurs, s'est présentée devant le port de Mers-el-Kébir, où se trouvait amarrée une force navale française composée de deux navires de ligne, le «Dunkerque » et le « Bretagne », trois croiseurs de deuxième classe et un certain nombre de bâtiments légers et de sous-marins.
UNE ESCADRE BRITANNIQUE ATTAQUE LES CUIRASSES FRANÇAIS «DUNKERQUE» ET «STRASBOURG» AU MOUILLAGE A MERS-EL-KEBIR
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L'amiral Gensoul a refusé de  se rendre ou de saborder ses navires
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Une agression, d'autant plus odieuse que rien ne saurait l'excuser, a été commise mercredi par l'Angleterre contre son alliée de la veille, contrainte de subir la loi du vainqueur après avoir lutté à peu près seule dans les batailles de Belgique et de France contre l'ennemi commun jusqu'à l'extrême limite de ses forces.
Cette action sans précédent a été révélée au public la nuit dernière par le communiqué officiel suivant :
Dans le courant de la matinée du 3 juillet, une importante force navale britannique, qui comprenait notamment trois puissants navires de lignée appartenant à la Home Fleet, est descendue de la mer du Nord, s'est présentée devant la rade de Mers-EI-Kébir, base navale d'Oran, ou se trouvait au mouillage, en exécution de la convention d'armistice, une escadre française qui comptait deux de nos plus belles unités, les cuirassés «Dunkerque» et «Strasbourg».
L'amiral anglais a adressé au vice-amiral Gensoul, commandant l'escadre française, la sommation d'avoir à se rendre ou à saborder ses navires, en lui laissant un délai de 6 heures pour prendre sa décision.
Avant même que ce délai fût expiré, des hydravions britanniques fermaient la rade de Mers-El-Kébir, au moyen de mines magnétiques.
3 juillet 1940
MERS-EL-KEBIR
Jean-Yves Thorrignac  2012